Récolte du colza
La récolte du colza est une étape clé pour sécuriser le rendement final de la culture de colza.
Sa réussite repose sur une bonne évaluation de la maturité physiologique des plantes et sur une conduite de récolte adaptée pour minimiser les pertes.
Quand et comment récolter le colza ?
Le colza doit être récolté lorsque plusieurs critères de maturité sont réunis simultanément :
- 80 % des siliques sont sèches, de couleur marron-gris,
- Les graines présentent une humidité comprise entre 6 % et 8 % (à ajuster selon la présence d’impuretés),
- Les graines, de couleur gris-noir, craquent sous la dent,
- La tige passe du vert clair au marron, avec moins de 50 % de pieds encore verts.
Attention : récolter à 9 % d’humidité ne signifie pas systématiquement que l’ensemble de la plante est totalement mûr.
La maturation du colza est progressive : les graines situées en haut de la plante mûrissent avant celles des parties basses, qui concentrent pourtant la majeure partie du rendement.
Se fier uniquement à l’aspect du sommet expose à récolter prématurément et à perdre une fraction importante du potentiel de production.
Les risques d’une récolte trop précoce
Une récolte anticipée, alors que les pailles et siliques sont encore trop humides (plus de 40 % d’humidité), entraîne une mauvaise séparation des graines au battage.
Les siliques non mûres ne s'ouvrent pas correctement, passent avec les pailles et échappent à la récolte sans être visibles.
Des études menées par Terres Inovia montrent que les pertes peuvent atteindre jusqu’à 5 à 6 quintaux par hectare en cas de récolte trop précoce.
Par exemple :
- 5 siliques vertes non battues par plante génèrent une perte de 1,4 quintaux/ha,
- 10 siliques : 2,6 quintaux/ha,
- 15 siliques : 4,2 quintaux/ha,
- 20 siliques : 5,7 quintaux/ha.
Ainsi, le respect de la pleine maturité est crucial pour préserver le potentiel de rendement accumulé tout au long du cycle de culture de colza.
Maîtriser l’égrenage pour limiter les pertes
L’égrenage, c’est-à-dire l’ouverture prématurée des siliques et la perte de graines avant ou pendant la moisson, est un autre facteur clé de perte de rendement.
Ce phénomène est favorisé par :
- Une sénescence avancée des plantes au moment de la récolte,
- Un mauvais état sanitaire général (colzas sensibles au phoma ou aux maladies de fin de cycle, comme les complexes de pieds secs).
Les variétés dotées d'une bonne tenue de tige et d'une résistance accrue aux maladies limitent naturellement les risques d’égrenage.
Une surveillance attentive de la maturité, et une intervention au bon moment, restent toutefois indispensables pour réduire les pertes.
Optimiser la récolte : matériel, réglages et choix variétal
Un réglage précis du matériel de récolte est fondamental pour limiter les pertes mécaniques :
- Adapter la vitesse d’avancement pour éviter d’arracher ou secouer les plantes,
- Réduire la vitesse de battage pour minimiser l’éclatement des graines,
- Régler la ventilation pour séparer efficacement les graines sans pertes.
L'utilisation d'une coupe avancée ou rallongée sur la moissonneuse-batteuse est également un levier d’optimisation majeur :
Elle permet d'améliorer l’alimentation de la vis sans fin, de limiter les secousses, et d’augmenter la productivité de 3 à 4 quintaux par hectare, selon les essais Terres Inovia.
Par ailleurs, des différences génétiques existent entre variétés : certaines limitent mieux l’égrenage ou se comportent mieux au battage.
Le choix variétal, combiné aux bons réglages de récolte, permet de valoriser pleinement le potentiel de la culture de colza.
Gérer l’humidité et le stockage après récolte
La qualité du colza ne se joue pas uniquement au champ : elle se prolonge également au stockage.
Pour éviter les échauffements et la dégradation de la qualité de l’huile :
- L’humidité des graines doit être ramenée entre 7 % et 8 % (plage acceptable : 6 % à 9 %),
- La température du stock doit être abaissée sous les 10 °C à l’entrée de l’hiver.
En cas de difficulté de refroidissement, l'utilisation de ventilateurs puissants est recommandée, notamment pour les silos de grande hauteur.
Il est également déconseillé de stocker du colza dans des cellules ayant précédemment contenu des céréales traitées insecticide, afin d’éviter toute contamination.
