Les maladies du colza
Le colza est une culture stratégique mais fragile face aux maladies fongiques, qui peuvent affecter ses feuilles, ses tiges, ses racines et ses siliques.
Certaines maladies s’expriment dès l’automne, d’autres plus tard au printemps ou en fin de cycle. Pour sécuriser le rendement, il est indispensable de connaître les cycles des pathogènes, leurs symptômes, les conditions climatiques favorables et les stratégies de lutte les plus efficaces.

Phoma
Le phoma est un champignon responsable de la nécrose du collet du colza, pouvant entraîner des pertes de rendement allant jusqu'à 15 quintaux par hectare.
Cette maladie est présente tout au long du cycle cultural. Dès l'automne, les premiers symptômes peuvent être observés sur les feuilles sous forme de taches. Cependant, il est important de noter qu’il existe peu de corrélation directe entre la présence de symptômes foliaires précoces et le développement ultérieur de la maladie au niveau du collet, qui reste la forme la plus préjudiciable au rendement.
Le phoma est également un champignon présent dans le sol, capable de persister d’une campagne à l’autre, notamment via les cannes de colza mal broyées ou les repousses de colza laissées en place.
Ainsi, bien broyer et enfouir les résidus après moisson, ainsi qu’éviter le développement des repousses, sont deux leviers agronomiques majeurs pour limiter la pression de la maladie.
Contre le phoma, le choix variétal constitue le moyen de lutte le plus efficace. Il est impératif de privilégier des variétés très peu sensibles à cette maladie.
Il existe deux grands types de résistances variétales :
- Résistance quantitative : la plante autorise l’entrée du champignon, mais contrôle efficacement son développement, limitant ainsi ses impacts sur le rendement.
- Résistance qualitative : la plante dispose de gènes spécifiques empêchant l’installation du champignon. Toutefois, ces gènes peuvent être contournés par certaines populations fongiques.
Lorsque l’on utilise des variétés portant une résistance qualitative, il est conseillé d’alterner d’une année sur l’autre avec des variétés à résistance quantitative pour limiter les risques de contournement.
À l'inverse, la résistance quantitative est plus stable dans le temps, ce qui permet son utilisation continue sans risque particulier d’érosion de l’efficacité.
Pour évaluer la résistance des variétés face au phoma, des essais spécifiques sont conduits en France sur parcelles contaminées volontairement avec des cannes infestées.
Dans ces essais, des notations précises et des analyses sont réalisées à différents stades, notamment au stade G2 (coupes des plantes pour observer la présence de nécroses au niveau du collet). C’est à ce stade que l’on peut réellement mesurer la capacité de résistance des variétés de colza MOMONT vis-à-vis de cette maladie.
Notre programme de sélection est majoritairement orienté vers la résistance quantitative, ce qui nous permet d’offrir une stabilité durable dans le temps et une véritable sécurité pour les producteurs.
Cylindrosporiose
La cylindrosporiose est une maladie fongique présente principalement dans la moitié nord de la France, sous influence océanique.
Les pertes de rendement peuvent atteindre jusqu'à 10 quintaux par hectare en cas de forte infestation.
Le contrôle de cette maladie doit débuter très tôt, dès la reprise de végétation au stade C2 (rosette développée), pour éviter sa propagation rapide.
L'observation des premiers symptômes se fait généralement sur les feuilles, mais en l'absence de lutte, la maladie peut très vite coloniser les tiges, et même les siliques.
Symptômes caractéristiques :
- Sur feuilles : décolorations vert clair ponctuées de petits points blancs, taches beiges marbrées donnant un aspect de brûlure (cf photo Terres Inovia).
- Sur tiges : taches allongées de couleur brune, accompagnées de craquelures longitudinales.
- Sur siliques et pédoncules : taches blanchâtres, parfois associées à des déformations des siliques.
Lutte contre la cylindrosporiose :
Des solutions chimiques existent pour contenir le développement de la maladie, notamment par traitements fongicides précoces au printemps.
Cependant, le levier de lutte le plus efficace reste avant tout le choix variétal.
Grâce à notre réseau d'essais spécifiques MOMONT, implantés dans des régions et pays fortement concernés par la cylindrosporiose, nous avons acquis une solide expertise sur le comportement de nos variétés face à cette maladie.
Ce travail nous permet aujourd'hui de proposer une gamme variétale avec un bon comportement cylindrosporiose, offrant une vraie sécurité aux agriculteurs.
Oïdium
L'oïdium est une maladie fongique qui se manifeste sur plusieurs organes du colza : les feuilles (cf. photo source Terres Inovia), mais aussi les tiges, et en fin de cycle sur les siliques.
Il se présente sous la forme d'un duvet blanc de mycélium, facilement identifiable. L'oïdium est plus fréquemment observé dans les régions du Sud et de l’Ouest de la France, où les conditions climatiques sont plus favorables à son développement.
Période d'observation :
La surveillance doit débuter à partir du stade floraison (stade F1) et se poursuivre jusqu’à la fin du mois de mai.
C’est à cette période que la maladie peut se développer rapidement si les conditions climatiques sont favorables (temps chaud et sec).
Lutte contre l’oïdium :
La protection classique appliquée au stade G1 contre le sclérotinia permet, dans la majorité des cas, de contrôler efficacement l'oïdium.
En l'absence de traitement contre le sclérotinia, ou en cas de forte pression oïdium repérée en cours de cycle, une intervention spécifique fongicide peut être justifiée pour préserver l’intégrité des siliques et la qualité de la récolte.
Mycosphaerella
La mycosphaerella est une maladie fongique du colza qui se développe dans un premier temps sur feuilles et en fin de cycle sur les siliques.
Elle est plus fréquemment observée sur la façade Atlantique et dans le Sud de la France, où les conditions climatiques (humidité et températures modérées) favorisent son apparition.
Période d'observation :
La vigilance est requise dès l’automne en cas de d’attaques précoces puis au printemps et à partir de la fin de floraison, lorsque les siliques commencent à se former.
Symptômes :
- Apparition de petites taches noires ou brunes sur les siliques,
- Fragilisation des siliques pouvant entraîner une ouverture prématurée.
Lutte contre la mycosphaerella :
À ce jour, il existe peu de différences significatives de sensibilité entre les variétés disponibles. La maladie se développant par rebonds sur les plantes, les variétés plus courtes, plus précoces ou versées ont tendances à être les plus impactées par la maladie.
Le levier principal de lutte repose donc sur la protection phytosanitaire : un traitement fongicide spécifique est possible en cas de forte attaque.
Une surveillance attentive en fin de cycle permet d’intervenir de manière préventive et de sécuriser la récolte.
Alternaria
L'alternaria est une maladie fongique qui affecte principalement les siliques du colza.
Elle se manifeste par l’apparition de taches noires bien visibles à la surface des siliques, pouvant fragiliser leur structure.
Conditions de développement :
Le développement de l'alternaria est favorisé par des conditions chaudes et humides, souvent observées en fin de printemps et en été.
Symptômes :
- Taches noires irrégulières sur les siliques, parfois accompagnées d'une déformation légère,
- Déshydratation prématurée des siliques en cas d'attaques sévères.
Incidence sur le rendement :
Malgré son développement parfois rapide dans des conditions favorables, l’incidence économique de l’alternaria reste généralement faible.
La maladie impacte peu le rendement dans la majorité des situations, mais doit néanmoins être surveillée lors d'années particulièrement chaudes et humides.
Lutte contre l'alternaria :
- Surveillance de l’état sanitaire des siliques en fin de cycle,
- Intervention fongicide spécifique rarement nécessaire, sauf en cas de forte pression détectée.
Sclérotinia
Le sclérotinia est l’une des maladies les plus redoutées sur colza et nécessite une vigilance particulière tout au long du cycle de floraison. Néanmoins le sclérotinia est, depuis plus de 10 ans, très peu présent et impactant sur le comportement et les rendements du colza.
Cette maladie se manifeste en fin de cycle par l’apparition de pourritures blanches sur les tiges et les feuilles. À l’intérieur des tiges infectées, on peut observer la présence de sclérotes noirs, qui sont les organes de conservation du champignon. Ces sclérotes, une fois tombés au sol, peuvent persister plusieurs années et contaminer les cultures suivantes.
Cycle et conditions favorables :
La contamination débute au moment de la chute des pétales. Lorsque les pétales se collent aux feuilles ou aux tiges en conditions humides, ils constituent une véritable porte d'entrée pour le champignon.
Symptômes :
- Pourritures blanches cotonneuses sur tiges et limbes,
- Présence de sclérotes noirs dans les tissus végétaux,
- Affaiblissement général de la plante.
Prévention et lutte :
Comme la maladie est difficile à contrôler une fois les symptômes visibles, la prévention est primordiale :
- Maintenir des rotations longues pour limiter la pression du champignon,
- Broyer finement les résidus de récolte pour accélérer leur dégradation et réduire la survie des sclérotes,
- Surveiller attentivement les conditions climatiques dès le début de la floraison.
Lorsque les conditions deviennent favorables (temps humide au moment de la chute des premiers pétales), il est recommandé d'intervenir préventivement avec un traitement fongicide.
Moment optimal : au stade G1 (début de la chute des pétales) lorsque l’on observe environ 10 siliques formées par plante, de moins de 2 cm de longueur
Perspectives génétiques :
Des recherches sont en cours pour développer des solutions génétiques de résistance au sclérotinia, permettant aux plantes de se défendre elles-mêmes. Des différences comportementales sont possibles mais ne sont pas suffisantes pour contrôler efficacement la maladie.
En attendant, la stratégie repose essentiellement sur la combinaison de bonnes pratiques culturales et d'une protection phytosanitaire raisonnée.