Récolte, conservation et distribution de la betterave fourragère

La betterave fourragère se distingue par sa grande flexibilité d’exploitation : qu’elle soit pâturée sur place ou récoltée mécaniquement, elle offre un fourrage énergétique, appétent et disponible sur une longue période.

Bien menée, la récolte permet de préserver tout le potentiel nutritif de la plante, tout en garantissant une conservation optimale en silo.

Betterave fourragère_récolte_ferme

Disponibilité du fourrage

Récolte : au bon moment et dans de bonnes conditions

Le pâturage direct : un atout en autonomie fourragère

Dès la fin du mois d’août, il est possible de mettre les animaux directement sur les parcelles de betteraves fourragères, à condition que la culture ait été semée précocement (fin mars à début avril) et que le développement des racines soit suffisant.

Ce mode d’exploitation présente plusieurs avantages :
- Il apporte un fourrage frais et énergétique à une période de l’année où les autres ressources sont limitées,
- Il réduit les coûts de mécanisation (pas d’arrachage, pas de transport),
- Il simplifie la gestion du troupeau, notamment pour les vaches taries, génisses, ovins ou caprins.

Une attention particulière doit être portée à la conduite du pâturage : rationnement quotidien, fibre disponible (foin/paille), temps d’accès limité pour éviter les risques d’acidose. Il est également important de choisir la bonne variété, peu enterrée avec une matière sèche plutôt faible (inférieur à 15-16%).

L’arrachage mécanique : souplesse et sécurisation

L’arrachage des betteraves fourragères débute généralement à partir du mois d’octobre et peut se poursuivre jusqu’en hiver, selon la météo et l’état du sol. La betterave fourragère est peu sensible au gel, ce qui permet une récolte étalée sans perte de qualité.

Quelques règles de base à respecter :
- Attendre la maturité physiologique, repérable par le dessèchement naturel des feuilles basales,
- Ne pas précipiter l’arrachage : les racines se conservent bien en terre et continuent de valoriser les pluies tardives,
- Veiller à un effeuillage propre, sans endommager le collet ni entamer la racine,
- Éviter les excès de terre dans les bennes : cela nuit à la conservation et complique le stockage.

Conservation : réussir son silo pour plusieurs mois

La betterave fourragère se conserve très bien à l’état frais, sans ensilage. On parle de conservation anaérobie passive, c’est-à-dire sans fermentation, à condition de bien respecter certaines règles.

Les clés d’un bon stockage :

- Former un silo aéré et proportionné : la largeur ne doit pas excéder 3 à 4 m, avec une hauteur maximale autour de 1,8 m. Plus la matière sèche est élevée, plus le silo peut être dimensionné en volume.
- Mettre en place un dispositif de ventilation naturelle (cheminées d’aération tous les 3 m) pour limiter les échauffements.
- Recouvrir le silo d’une bâche hivernale pour protéger du gel et des précipitations.
- Éviter toute stagnation d’eau à proximité et installer si nécessaire un lit drainant.

En conditions bien maîtrisées, la betterave peut être stockée pendant 4 à 5 mois, de l’automne jusqu’au printemps. Toutefois, à partir de -5°C, des précautions supplémentaires s’imposent pour éviter les pertes par gel.

Distribution : adapter la forme au type de racine

En fonction de leur richesse en matière sèche, les betteraves fourragères se distribuent de façon différente.

- Pour les betteraves moyennement riches (14–16 % MS) ou riches (17–19 % MS), la racine entière peut être distribuée en vrac ou à l’auge, y compris en mélange avec d’autres fourrages.
- Pour les betteraves très riches en MS (20–25 %), il est impératif de les couper ou râper avant distribution afin de faciliter leur ingestion et éviter les refus ou troubles digestifs.

La transformation mécanique (coupeuse, éclateur) est alors indispensable. Cela permet également d’homogénéiser la ration et de mieux l’associer avec d’autres composants (ensilage de maïs, pulpes, foin...).