Fertilisation de la betterave fourragère

La betterave fourragère est une culture exigeante sur le plan nutritionnel. Pour exprimer son plein potentiel, elle nécessite un apport raisonné, équilibré et adapté en éléments majeurs (azote, phosphore, potassium), en calcium ainsi qu’en oligo-éléments (bore, manganèse). La réussite de sa conduite repose donc sur une fertilisation optimisée, pensée dès la préparation de la parcelle.

Objectifs de la fertilisation

L’enjeu est double lors de la fertilisation de la culture de la betterave fourragère :

  • Maximiser le rendement en matière sèche (MS) : feuilles + racines,
  • Préserver la qualité nutritionnelle du fourrage (valeurs UF, appétence, conservation).

Une fumure adaptée permet également une levée vigoureuse, un bon développement racinaire, une meilleure tolérance aux stress hydriques, et une régularité des racines, précieuse à la récolte comme au pâturage.

Besoins moyens en éléments majeurs

Pour un objectif de 13 à 14 tonnes de MS/ha, voici les références de base :

Tableau des besoins de la betterave fourragere en éléments majeurs

Zoom sur les principaux éléments fertilisants

Azote (N) : moteur du rendement

C’est l’élément le plus directement lié à la croissance végétative. Il soutient la formation de protéines solubles, acides aminés, feuillage dense et volume racinaire.

Méthode de calcul par reliquat (Nmin / AROFERT) :
- Prélèvement de terre avant semis (février-mars),
- Calcul : Besoin cible (160 u/ha) – valeur mesurée = unités à apporter.

À savoir :
- Fractionnement possible (avant et après semis),
- Ne pas dépasser 100 u après semis pour éviter la salinisation du lit de germination,
- L’azote organique bien valorisé par la betterave permet de réduire la fertilisation minérale.

Potasse (K₂O)

Potasse (K₂O) : équilibre hydrique et transport des sucres

Le potassium régule l’eau dans les cellules, améliore la tolérance au stress climatique et facilite le transfert des assimilats vers les racines.
80 % du potassium est localisé dans le feuillage. En sols légers, fertiliser au printemps, en évitant toute concentration excessive.

Phosphore (P₂O₅)

Phosphore (P₂O₅) : développement racinaire

Indispensable aux stades précoces : il stimule la croissance racinaire et la vigueur de départ. Sa disponibilité dépend du calcium, de l’humus et du pH.

Calcium

Calcium : clé de la structure et de la nutrition

Le calcium est essentiel à la croissance racinaire, à la régulation enzymatique et à la disponibilité des autres nutriments. Un pH > 6,5 est recommandé. Le chaulage peut être nécessaire.

L’importance du bore (B) et du manganèse (Mn)

Bore

Essentiel à la formation des parois cellulaires. Carence = pourriture du cœur, racine creuse, mauvaise conservation.
Apport recommandé dès le semis et en complément à la fermeture des rangs si nécessaire.


Manganèse

Souvent peu disponible en conditions sèches ou à pH élevé. Une fertilisation foliaire peut corriger une carence ponctuelle.

Utilisation des engrais organiques

Les apports organiques sont très bien valorisés par la betterave fourragère. Fumier, lisier, digestats… apportent N, P, K et Mg de façon efficace.

À savoir :
  • 60 à 80 % de l’azote total est intégré au calcul de fumure,
  • Nutriments K, P, Mg des effluents = 100 % crédités,
  • Analyse régulière des effluents conseillée,
  • Application au printemps = meilleure valorisation de l’azote,
  • Respecter les obligations du Décret Fertilisation.

En résumé : les clés d'une fertilisation réussie

Tableau des clés d'une fertilisation réussie

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